Peux-tu congeler tes ovocytes sans raison médicale ? Depuis 2021, la réponse est oui 😄😄😄!
La Loi française a ouvert ce droit aux femmes et aux hommes : une révolution législative.
Cependant dans la pratique, l’autoconservation des ovocytes en France ressemble parfois à une course d’obstacles : délais interminables, places limitées, inégalités sociales.
👉 Avant de te lancer, voici tout ce qu’il faut savoir pour comprendre la Loi, anticiper les contraintes et explorer éventuellement les alternatives.

🤔 Autoconservation en France : une révolution législative depuis 2021
La Loi de bioéthique du 2 août 2021 a marqué un vrai tournant.
Pour la première fois, les femmes (et les hommes) peuvent congeler leurs gamètes (ovocytes et spermatozoïdes) sans motif médical, par choix personnel, sans avoir à se justifier.
Avant 2021, c’était strictement interdit, sauf en cas de raison médicale (par exemple traitement de cancer, endométriose sévère, ou toute maladie risquant de détruire la fertilité).
Désormais :
- Les femmes ont le droit de faire vitrifier leurs ovocytes à partir de 29 ans et avant 37 ans.
- Les hommes ont le droit de faire congeler leur sperme à partir de 29 ans et avant 45 ans.
- Pour la réutilisation des gamètes autoconservés, c’est avant 45 ans pour la femme qui porte l’enfant, avant 60 ans pour le ou la partenaire.
⚖️ C’est une avancée majeure : pour la première fois, la liberté reproductive est reconnue comme un droit.
Par contre, sur le terrain, cette liberté est parfois épique à mettre en oeuvre, voire impossible…
📍 Autoconservation en France : les conditions légales
Sur le territoire français, les conditions de réalisation de l’autoconservation sont régies par la Loi. Ces condtions doivent donc être strictement respectées par les centres autorisés à réaliser ces actes.
👩 Pour les femmes
- Âge autorisé : de 29 jusqu’à 37 ans.
- Réutilisation possible jusqu’à 45 ans.
- Attention : l’âge légal pour le ou la partenaire (avant 60 ans) doit être respecté pour la réutilisation.
- En solo ou en couple, mariée ou non.
👨 Pour les hommes
- Âge autorisé : de 29 jusqu’à 45 ans.
- Réutilisation possible jusqu’à 60 ans.
- Attention : l’âge légal de la partenaire doit être respecté pour la réutilisation (43 ans maximum pour une FIV, 45 ans pour un transfert d’embryon).
🏥 Centres habilités pour l’autoconservation des gamètee
Seuls les centres publics et les établissements privés à but non lucratif peuvent proposer l’autoconservation en France.
🧐 Fait étonnant car les établissements privés en France respectent pourtant les mêmes standards scientifiques et éthiques, et les mêmes contrôles, que les établissements publics… Et ils représentent la moitié de l’activité d’AMP en France.
👉 Compte-tenu de l’offre de soin très insuffisante, en particulier dans les grandes villes françaises, quelques centres privés ont été très récemment autorisés.
Voici la liste des centres agrées en France pour pouvoir conserver ses gamètes (ovocytes et spermatozoides).
💶 Coûts de la congélation
L’autoconservation des gamètes est prise en charge par l’assurance maladie obligatoire (AMO).
- Prélèvement (stimulation + ponction) : les traitements et le suivi de la stimulation, ainsi que l’hospitalisation et l’acte chirurgical (ponction ovocytaire) sont remboursé à 100 % par la Sécurité sociale, sans dépassement d’honoraires.
- Stockage annuel : la conservation annuelle est par contre à ta charge, environ 40 €/an.
💡 Autrement dit : la France propose un modèle éthique et solidaire, unique au Monde !

⏳ Autoconservation en France : obstacles, délais et inégalités
Tu l’auras compris, le droit d’autoconserver tes ovocytes sans raison médicale et sans frais médicaux (autres que la conservation annuelle) est une avancée majeure pour la santé reproductive féminine. Cependant, les pouvoirs publics ont décidés de limiter cette offre sur le territoire national.
🕐 Des délais très longs
En 2024, le délai moyen pour un premier rendez-vous dépasse 13 mois.
En Île-de-France, l’attente atteint parfois 18 à 24 mois.
Les centres autorisés sont débordés par les autres activités d’AMP, c’est à dire les actes pour procréation et pour congélation urgente pour raison médicale (par exemple avant le traitement d’un cancer du sein ou du sang).
👉 Conséquence problématique : si tu as 36 ans et que tu demandes un rendez-vous, tu risques de dépasser l’âge limite (37 ans) avant même d’avoir commencé la procédure.
🚧 Une offre insuffisante
En 2023–2024, environ 20 000 femmes ont demandé une autoconservation.
Seules 4 000 ont pu démarrer le parcours.
Les centres sont saturés, surtout dans les grandes villes (Paris, Lyon, Marseille), où la demande explose.
⚖️ Des inégalités sociales
- Comme pour l’AMP, celles qui ont les moyens financiers partent en Espagne ou en Belgique, où l’accès est rapide.
- Les autres doivent attendre en France, parfois jusqu’à renoncer.
👉 En clair : l’autoconservation en France est un droit sur le papier, mais pas une réalité pour toutes.
🌍 Autoconservation à l’étranger : quelles alternatives à la France ?
Il faut souligner le retard législatif de la France par rapport à nos voisins européens. Retard qui se ressent dans l’organisation de l’offre de soin.
Face aux délais d’attente en France, aller à l’étranger est parfois une solution pour éviter de « rater le coche ».
Par contre, c’est à tes propres frais ! Mais, mais, bonne nouvelle si tu es dans les limites de l’âge légal en France, tu peux demander une prise en charge à la caisse nationale des soins à l’étranger (CNSE). Si ta demande est acceptée, tu peux avoir un forfait pour rembourser partiellement les frais (1 300 à 1 500€). 🫶🏻 Dis moi en commentaire si tu as besoin d’en savoir plus…
Quelques exemples à l’étranger :
🇧🇪 Belgique
- Autoconservation autorisée depuis longtemps, sans motif médical.
- Centres publics et privés.
- Coût : 3 000–4 000 € par cycle + frais de conservation.
🇬🇧 Royaume-Uni
- Autorisé depuis 2000.
- Conservation possible jusqu’à 55 ans (réforme 2022).
🇪🇸 Espagne
- Très développé, secteur privé dominant.
- Délais très courts, accès rapide.
- Pas de limite d’âge stricte pour congeler, mais les médecins déconseillent après 40 ans.
- Coût : variable selon les cliniques 2 500-3 500 € + frais de conservation (parfois inclus pour 5 ans)
🇺🇸 États-Unis
- Très répandu, marché largement privé.
- Coût élevé : 8 000–12 000 $ par cycle + stockage.
👉 Comparée à ces pays, la France a choisi un modèle public et solidaire, mais au prix d’une pénurie d’accès.
💬 Témoignages : l’autoconservation en France au quotidien

Mathilde, 36 ans :
« Un poids sur mes épaules s’est levé. Je me sens beaucoup plus sereine. Ce n’est pas une garantie à 100 %, mais c’est une sécurité. »
Audrey, 34 ans :
« Cela me redonne une forme de contrôle face au temps qui passe. »
👉 Ces témoignages reflètent ce que j’entends tous les jours en consultation. L’autoconservation, au-delà de la technique, offre avant tout une tranquillité psychologique.
📊 Autoconservation en France : les chiffres à retenir
- 29–37 ans : tranche légale pour les femmes.
- 13 mois : délai moyen pour un premier rendez-vous.
- 20 000 demandes, seulement 4 000 réalisées en 2024. Beaucoup plus en 2025 mais on attend les chiffres!
- 40 €/an : coût du stockage.
🔬 Autoconservation et fertilité : ce que disent les études
- ASRM (American Society for Reproductive Medicine) : le succès d’une autoconservation dépend surtout de l’âge au moment de la ponction. Avant 35 ans, les chances de naissance sont nettement meilleures (1).
- De Proost et al. 2022 RBMO: les politiques publiques doivent anticiper la demande croissante et développer l’offre pour éviter les inégalités. (2).
👉 Ces données confirment que l’anticipation est essentielle.
💡 Mes conseils pratiques
- Ne tarde pas : si tu envisages une autoconservation, réfléchis-y dès 30–32 ans.
- Anticipe les délais : contacte le centre le plus proche et élargi si délais trop longs.
- Prévois ton budget : prélèvement pris en charge, mais stockage à payer.
- Informe-toi bien : sur les centres habilités proches de chez toi.
- Envisage l’étranger : si tu es proche de la limite d’âge et que l’attente en France est trop longue.
- Reste réaliste : la congélation n’offre pas une garantie de grossesse, mais elle augmente tes chances par rapport au report du projet bébé.
✅ En résumé
- Depuis 2021, l’autoconservation en France est possible sans motif médical : une révolution législative.
- Dans les faits, l’accès est saturé : délais longs, peu de places.
- À l’étranger, l’accès est plus rapide, mais beaucoup plus coûteux.
- L’autoconservation est un outil utile si tu veux garder une option ouverte, mais elle demande anticipation, organisation et lucidité.
🎯 Préserver tes ovocytes, c’est préserver ta liberté reproductive.
🔎 Références
1 Age-specific probability of live birth with oocyte cryopreservation: an individual patient data meta-analysis https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23706339/
2 Michel de Proost The revision of the French bioethics law and the questions it raises for the future of funding for egg freezing
https://www.rbmojournal.com/article/S1472-6483(21)00599-X/fulltext