Congeler ses ovocytes, la garantie absolue ? 🤔
Peut-être que, comme Laetitia, 30 ans, tu envisages de congeler tes ovocytes pour te libérer de la pression de l’horloge biologique. L’idée fait rêver 😍 : mettre tes ovules “au frais” maintenant afin d’assurer la possibilité d’un bébé plus tard, quand tu l’auras décidé.
La réalité est simplement plus nuancée. Congeler ses ovocytes ne suffit pas, à elle seule, à garantir une grossesse future. Avant de sauter le pas, il est utile de comprendre les limites de cette technique et ses implications réelles.
Dans cet article, je démystifie la congélation ovocytaire : tu verras pourquoi ce n’est pas une assurance infaillible, en quoi c’est un acte médical qui mérite réflexion, et comment le sentiment de sécurité qui l’accompagne peut parfois décaler un projet bébé.
Je t’explique tout de façon claire et bienveillante, données scientifiques à l’appui 😉.
Pas de bébé garanti : les chiffres qui font réfléchir 📊
Utilisation et résultats observés
On entend parfois que la vitrification d’ovocytes serait une “assurance maternité” pour plus tard. En pratique, les taux de réussite ne sont pas de 100%. Quelques études récentes apportent un éclairage important :
🔹 Peu de femmes utilisent réellement leurs ovules congelés : Dans une cohorte de 921 patientes ayant fait congeler leurs ovocytes, seulement 7,4%sont ensuite revenues utiliser ces ovules pour essayer d’avoir un enfant (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov). Beaucoup n’ont donc pas eu besoin de les utiliser (grossesse naturelle entre-temps), ou ont changé de projet.
🔹 Parmi celles qui les utilisent, le succès n’est pas systématique : Sur ces femmes ayant tenté une grossesse avec leurs ovocytes congelés, environ 32% ont obtenu une naissance (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov). Autrement dit, sur 100 femmes ayant congelé des ovocytes, 2 à 3 deviendront mamans grâce à ce procédé — d’autres n’en tireront pas de naissance.
🔹 Le “rendement” par ovocyte reste limité : Une étude a estimé qu’en moyenne 1 ovocyte sur 15 environ aboutit à un enfant né (≈ 6% par ovocyte) (pubmed.ncbi.nlm.nih.gov). Dit autrement, il faut plusieurs ovocytes pour espérer une grossesse — ce n’est pas un ticket gagnant unique.
🔹 Après 40 ans, les chances deviennent très faibles : L’âge au moment de la congélation est déterminant (je détaille plus bas). Congeler tard apporte donc des probabilités très faibles.
En résumé, la congélation d’ovocytes n’est pas une garantie, mais plutôt une chance supplémentaire qu’il convient d’apprécier à sa juste mesure. Les statistiques guident la décision, tout en laissant place à la singularité de chaque parcours.
Un acte médical lourd, à ne pas banaliser ⚠️
Étapes clefs du parcours
Au-delà des chiffres, il faut réaliser que congeler tes ovocytes n’est pas anodin sur le plan médical.
Ce n’est pas juste “mettre des ovules au congélo” : c’est un vrai parcours de procréation médicalement assistée.
👉 Stimulation hormonale(≈ 10 à 12 jours) avec injections quotidiennes pour stimuler tes ovaires à produire plusieurs ovocytes matures). Des effets secondaires peuvent survenir (ballonnements, fatigue, variations d’humeur, inconfort abdominal).
👉 Surveillance rapprochée: échographies endovaginales et prises de sang pour suivre la croissance folliculaire. Cela demande de la disponibilité et peut être un peu stressant.
👉 Ponction ovarienne sous anesthésie : geste court, généralement bien toléré, qui consiste à prélever les ovocytes via le vagin à l’aide d’une aiguille. Les risques (hémorragie, infection, anesthésie) sont rares mais existent.
👉 Vitrification et stockage : congélation ultra-rapide à −196 °C et conservation en azote liquide. Le stockage à long terme est peu risqué médicalement, avec un coût annuel (en France ~45 €).
👉 Le moment venu : FIV : décongélation, fécondation en laboratoire avec le sperme de ton partenaire ou d’un donneur, culture embryonnaire, transfert dans l’utérus et attente du résultat. Autrement dit, même avec des ovocytes congelés, tu suivras ensuite un parcours d’AMP avec son lot d’émotions et d’incertitudes.
Les techniques se sont nettement améliorées 👍 (survie ovocytaire accrue, résultats proches des FIV avec ovocytes “frais”), mais congeler ne signifie pas automatiquement accoucher : c’est un outil médical, pas une baguette magique.

L’âge au prélèvement : le facteur-clé 🕑
Pourquoi l’âge compte autant
La qualité et la quantité ovocytaire déclinent avec l’âge.
Plus tu es jeune, plus les ovocytes sont nombreux et avec un bon potentiel génétique. En avançant en âge, les ovocytes restants sont moins nombreux et plus souvent porteurs d’anomalies chromosomiques, ce qui réduit la probabilité d’obtenir un embryon viable puis une grossesse évolutive.
Congeler à 25–30 ans ou à 40 ans, ce n’est pas la même perspective.
Je t’invite à consulter cet article qui explique les raisons de la baisse de la qualité des ovocytes suivant l’ âge.
Tableau comparatif selon l’âge
Pour visualiser l’impact de l’âge, voici un tableau comparatif basé sur des données de modélisation scientifique. (1).

👉 Ce tableau illustre bien que plus la congélation est réalisée tôt, plus les chances sont élevées avec un nombre d’ovocytes raisonnable.
Après 37-40 ans, il faut beaucoup plus d’ovocytes pour espérer atteindre des probabilités similaires, ce qui rend la démarche plus contraignante. (2).
Comme tu le vois, plus l’âge au prélèvement est avancé, plus il faut d’ovocytes pour espérer une naissance. Par exemple, avec 10 ovocytes congelés à 30 ans, on peut estimer ~70% de chances d’avoir un bébé un jour. Les mêmes 10 ovocytes prélevés à 40 ans correspondent plutôt à ~30%. Pour tendre vers ~75% de probabilité, à 42 ans il faudrait > 60 ovocytes— un objectif quasi impossible en pratique (rbej.biomedcentral.com).
En France, la loi de bioéthique fixe des limites d’âge pour l’autoconservation sans motif médical :
moins de 37 ans pour prélever, et possibilité d’utilisation jusqu’à 45 ans.
Cette borne reflète le consensus : au-delà de 38–40 ans, les bénéfices attendus diminuent nettement au regard des contraintes.
À retenir : si tu envisages de congeler tes ovocytes, plus tôt est souvent mieux (idéalement au plus tard à 35 ans). Congeler jeune augmente sensiblement la probabilité qu’ils servent un jour à une grossesse.
À l’inverse, se lancer après 40 ans revient souvent à congeler des ovocytes déjà “vieillis”, donc avec un potentiel plus limité.
L’illusion de sécurité peut retarder le projet bébé ⏳
Un apaisement… à garder en perspective
Disposer d’ovocytes congelés peut offrir une sérénité appréciable : beaucoup ressentent un soulagement après la vitrification, avec l’impression d’avoir “assuré une option” pour plus tard. Cet apaisement est précieux, mais il faut veiller à ne pas en faire un filet de sécurité absolu.
Le risque, c’est de repousser longtemps ses essais bébé en se reposant sur cette option, puis de se retrouver plus tard dans une situation plus complexe. Par exemple, si à 34 ans tu conserves quelques ovocytes 🥚 et que, rassurée, tu repousses le projet à 40–42 ans, il se peut que ni la nature ni la FIV avec ces ovocytes ne suffisent — et que des années potentiellement favorables aient été perdues. (4).
Même en cas de succès, une grossesse tardive comporte ses spécificités (certaines complications obstétricales sont plus fréquentes).
Congeler pour raisons non médicales peut surtout décaler la question, sans la résoudre. Au final, il faudra toujours concilier projet pro et projet familial — simplement à un autre moment de la vie.
Ce passage n’a pas vocation à inquiéter 🙏, mais à nuancer une idée trop rassurante : la vitrification est une option qui peut vraiment aider, sans promettre à coup sûr un bébé. L’essentiel est de continuer à réfléchir globalement à ton projet de maternité, même si tu fais congeler des ovocytes.
Conclusion : un choix personnel, à faire en connaissance de cause 💞
La congélation d’ovocytes est une avancée majeure pour l’autonomie reproductive. Bien utilisée (au bon moment, avec une information complète), elle peut offrir du temps et des possibilités.
De nombreuses femmes sont devenues mamans grâce à des ovocytes congelés plus tôt — une opportunité que les générations précédentes n’avaient pas.
Pour autant, elle n’assure pas à elle seule une naissance. C’est une cartouche supplémentaire dont l’efficacité dépend notamment de l’âge et du nombre d’ovocytes récoltés. Ni assurance tous risques, ni “plan B” infaillible : plutôt un plan d’appoint qui peut très bien fonctionner… ou pas.
Avant de décider, informe-toi (bravo, tu y es 😊), échange avec des professionnels de santé (gynécologue, spécialistes en fertilité) pour évaluer ta situation personnelle (âge, réserve ovarienne, projet de vie). Pèse les contraintes (physiques, émotionnelles, temporelles) et les chances réalistes. Et rappelle-toi que la congélation est
un outil parmi d’autres : rencontres, essais naturels, adoption, don d’ovocytes le cas échéant…
En définitive, la démarche peut apporter de l’espoir et du temps, avec des défis et des incertitudes.
La clé, c’est un choix éclairé, sans faux espoirs. Quel que soit ton chemin, qu’il soit aligné avec tes désirs profonds et appuyé sur des informations solides. 💪✨
Tu es actrice de tes décisions : congeler ou non tes ovocytes fait partie de ces choix intimes. J’espère t’avoir aidée à y voir clair. Fais tes choix pour toi, en étant bien informée — c’est la meilleure façon d’avancer librement et sereinement.

Références scientifiques 🔬
(1) Modélisation du nombre d’ovocytes à congeler selon l’âge pour maximiser les chances de naissance vivante:
(2) Résultats de cycles autologues avec ovocytes vitrifiés (efficacité ~6,4% par ovocyte en moyenne).
(3) Étude sur 1 241 femmes (1 799 cycles) estimant les probabilités d’atteindre 50–70% de “live birth rate” avec 1–2 cycles
(4) Analyse sur >10 ans d’autoconservation ovocytaire planifiée (7,4% d’utilisatrices ; ~32% de naissances chez celles qui ont utilisé)
Recommandation de lecture
Audrey Page : aller-retour pour un bébé.
Je vous recommande la lecture d’une histoire vraie, celle d’Audrey Page, qui raconte ses mésaventures avec l’auto conservation ovocytaire. Rassurez-vous, il ya une fin heureuse.
Article très intéressant, j’aurais aimé que ces informations soient données aux femmes dès leurs vingtaine afin qu’elles puissent mener leur vie et leur carrière sereinement.
Ayant moi-même perdu un ovaire à 25 ans, j’aurais souhaité que mon gynécologue me propose cette option au lieu de me dire qu’il fallait me dépêcher.
Merci pour cette mise en lumière, c’est un sujet essentiel.
Bonjour Valérie
Merci pour ton commentaire. Je suis 100% d’accord avec toi.
Il y a plusieurs générations de femmes qui ont été « sacrifiées » car l’autoconservation des ovocytes était illégal en France en dehors des raisons médicales jusqu’en 2021.
Aujourd’hui elle est autorisée mais à mon sens les jeunes femmes ne sont pas encore suffisamment informées.
C’est 1 des objectifs de GynécoLibérée.
J’espère que, malgré tout, tu as pu constituer ta famille comme tu le souhaitais.