Tout savoir sur la fertilité masculine : spermogramme et congélation

👩‍⚕️ En consultation, j’entends souvent : « La fertilité, c’est surtout une histoire de femmes… les hommes, eux, restent fertiles toute leur vie. »
🚫 Faux. La fertilité masculine diminue aussi avec l’âge et comme la femme, l’homme peut congeler son sperme

C’est le cas d’Alexandre, 42 ans, venu me voir avec sa compagne de 36 ans. Il pensait être « épargné par le temps ». Mais son spermogramme montrait une baisse de concentration et de mobilité des spermatozoïdes nécessitant une AMP.

spermatozoides rencontrant un ovule.

Alors, quand faut-il s’inquiéter, faire un bilan de fertilité masculine (spermogramme), congeler son sperme ? Et dans quels cas est-ce utile ?

💡Voici ton guide pratique pour comprendre, anticiper et préserver ta fertilité masculine.

🤔 Pourquoi parler de fertilité masculine ?

🧪 Les hommes aussi vieillissent

Contrairement à la croyance, l’homme ne reste pas aussi fertile « à vie ». Certes, il n’a pas d’andropause, mais la qualité du sperme baisse progressivement dès 35–40 ans :

  • moins de spermatozoïdes mobiles,
  • anomalies génétiques plus fréquentes,
  • augmentation de la fragmentation de l’ADN spermatique【1】.

📉 Conséquences bien réelles

  • Temps plus long pour concevoir,
  • Risque accru de fausse couche,
  • Augmentation de certaines maladies chez l’enfant (autisme, schizophrénie, anomalies génétiques)【2】.
Temps pour obtenir une grossesse selon l'âge de l'homme et de la femme.
Sur ce graphique tu peux voir une évaluation du nombre de mois pour obtenir une grossesse (TTP = time to pregnancy) pour un couple selon l’âge de l’homme représenté sur l’axe horizontal, entre 25 et 50 ans et selon un âge prédéfini pour la femme. Si l’homme est en couple avec une femme de 30 ans = courbe en violet, avec une femme de 35 ans = courbe en vert et avec une femme de 40 ans = courbe en jaune.

Je t’invite à lire cet article Pourquoi la fertilité baisse avec l’âge pour comprendre les conséquences de l’âge chez l’homme et la femme.

🧑‍⚕️ Un sujet encore assez tabou

Environ 50 % des infertilités de couple impliquent l’homme【3】. Pourtant, les hommes consultent beaucoup moins souvent par manque d’information ou à cause de tabous.

🧠 Fertilité, virilité et impact psychologique

J’ai remarqué en consultation que beaucoup d’hommes associent encore très fortement leur fertilité à leur virilité – parfois même à leurs performances sexuelles.
👉 Quand un spermogramme revient anormal, certains se sentent atteints dans leur identité masculine.

Or, l’infertilité n’a rien à voir avec la valeur d’un homme, ni avec sa capacité à être un partenaire ou un père aimant. C’est une question biologique, pas une remise en cause de qui tu es.

questionnement sur la congélation du sperme  suite spermogramme  pour une meilleure fertilité masculine

🔬 Le spermogramme : première étape du bilan

📋 Qu’est-ce qu’un spermogramme ?

Le spermogramme est l’examen de référence pour évaluer la fertilité masculine. Il est pris en charge par l’assurance maladie si tu disposes d’une ordonnance.

👉 Il doit être réalisé après 2 à 5 jours d’abstinence sexuelle.
⚠️ Certains hommes pensent qu’attendre plus longtemps améliorera leurs résultats, mais c’est l’inverse : au-delà de 5 jours, la qualité des spermatozoïdes se dégrade souvent.

Comment se passe le recueil de sperme ?

Le prélèvement se fait au laboratoire. Ton médecin pourra te recommander certains laboratoires plus spécialisés pour cette analyse, sinon choisis un laboratoire agréé pour l’assistance médicale à la procréation. L’accueil sera plus adapté, avec une cabine spéciale, pas juste envoyé aux toilettes pour faire ton recueil…

  1. Tu urines d’abord pour vider la vessie,
  2. On t’installe dans une cabine dédiée,
  3. Tu suis des consignes d’hygiène simples (toilette du gland et du pénis),
  4. Puis tu obtiens ton éjaculat par masturbation dans un pot stérile.

Comment s’analyse le spermogramme ?

En pratique, on analyse plusieurs paramètres :

  • le volume de sperme,
  • le nombre de spermatozoïdes,
  • leur mobilité (capacité à se déplacer),
  • leur morphologie (forme),
  • la présence éventuelle d’une infection (spermoculture).

👉 L’étude de la fragmentation de l’ADN spermatique est réalisée uniquement dans un deuxième temps, si nécessaire dans ton cas. Cette analyse n’est pas systématique et elle n’est pas remboursée par l’assurance maladie.

🧑‍⚕️ Quand faire le test ?

👉 Si un bébé tarde à venir après 12 mois d’essai (6 mois si ta partenaire a +35 ans).
👉 Si tu as plus de 40 ans et que tu envisages un projet bébé.
👉 Si tu as eu des antécédents médicaux (cancer, chimiothérapie, varicocèle, chirurgie testiculaire…).

⚠️ Résultats anormaux du sperme ?

Un spermogramme isolé ne suffit jamais pour conclure à une infertilité masculine.
👉 Il doit toujours être confirmé par un deuxième examen, réalisé à 2–3 mois d’intervalle (le temps nécessaire pour un nouveau cycle complet de production des spermatozoïdes).

En cas de baisse de nombre de spermatozoïdes on va parler d’oligospermie ; en cas de baisse de mobilité, d’asthénospermie ; en cas d’anomalie des formes, de tératospermie. En réalité ces 3 anomalies sont très souvent associées et on parle alors d’oligo-asthéno-tératospermie (OATS).

⚠️Attention c’est assez difficile d’interpréter par soi-même l’examen car il y beaucoup de paramètres ! En particulier souvent les anomalies de forme font peur 😨 alors que c’est rarement un problème en soi.

En cas d’anomalie ou d’infertilité, le bilan peut être complété par :

  • une prise de sang pour dosages hormonaux (testostérone, FSH, LH, prolactine…),
  • parfois des analyses génétiques (dans des situations particulières, comme une absence totale ou une baisse sévère de la concentration en spermatozoïdes),
  • une échographie des testicules, et éventuellement de la prostate, pour rechercher une anomalie anatomique (ex. varicocèle, obstruction).

👉 L’objectif n’est pas seulement de confirmer le diagnostic, mais aussi de comprendre l’origine du trouble afin d’adapter au mieux la prise en charge.

❄️ La congélation du sperme

Quand congeler son sperme ?

👉 Dans certains cas médicaux :

  • avant une chimiothérapie ou une chirurgie testiculaire,
  • en cas d’infertilité masculine progressive,
  • en cas de varicocèle, en particulier avant traitement chirurgical ou embolisation,
  • avant chirurgie bariatrique c’est à dire chirurgie de l’obésité (et oui ! Des cas sévères de baisse de concentration de spermatozoïdes ont été décrits)
  • avant une vasectomie.

👉 Dans certains cas personnels :

  • âge > 40 ans et projet parental différé,
  • mobilité professionnelle avec contraintes,
  • fécondation in vitro prévue mais délais incertains.

Comment ça se passe ?

  • Après réalisation de la prise de sang pour les examens sérologiques obligatoires (Hépatite B et C, HIV),
  • Recueil de sperme en centre spécialisé,
  • Analyse de la qualité,
  • Congélation en azote liquide à –196 °C,
  • Conservation pour plusieurs années.

Combien ça coûte ?

  • En France 🇫🇷 :
    • recueil avec prise en charge à 100% par l’Assurance Maladie, avec ou sans indication médicale (ex. cancer)
    • puis environ 40–100 €/an pour le stockage, à votre charge sauf si indication médicale.
  • À l’étranger 🌍 : coût variable, souvent 300–600 € + frais annuels plus élevés.

📊 Les chiffres qui surprennent

  • L’OMS considère qu’un sperme normal contient ≥15 millions de spermatozoïdes/ml.
  • Après 40 ans, la fragmentation de l’ADN spermatique augmente significativement【1】.
  • Une étude a montré que les hommes >45 ans mettent en moyenne 5 fois plus de temps pour concevoir qu’à 25 ans【2】.
Homme face au délai de conception

💬 Témoignages

« Je pensais que je pouvais attendre sans souci. Mon spermogramme à 41 ans a montré une qualité bien plus faible que prévu. Je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt. » — Marc, 42 ans.

« Avant ma chimio, j’ai congelé mon sperme. Deux ans plus tard, ça m’a permis de faire un projet bébé avec ma compagne. » — Julien, 35 ans.

👉 Ces histoires illustrent bien que préserver sa fertilité masculine n’est pas un luxe, mais parfois une nécessité.

💡 Mes conseils pratiques

  1. Ne minimise pas ton rôle : la fertilité n’est pas qu’une affaire de femmes.
  2. Fais un spermogramme si tu as plus de 40 ans, ou si un bébé tarde à venir.
  3. Envisage la congélation si tu repousses ton projet parental, surtout après 40 ans.
  4. Adopte une hygiène de vie protectrice :
    • 🚭 pas de tabac,
    • 🍷 limiter l’alcool,
    • 🏋️ activité physique régulière (mais pas super intensive!),
    • 🌿 réduire l’exposition aux perturbateurs endocriniens.
  5. N’attends pas trop tard : mieux vaut prévenir que regretter.

En résumé

  • La fertilité masculine diminue aussi avec l’âge.
  • Le spermogramme est l’examen clé pour évaluer la qualité du sperme.
  • La congélation du sperme est utile dans certains cas médicaux ou personnels.
  • C’est une chance supplémentaire, pas une garantie.
  • Parler de fertilité masculine, c’est briser un tabou et mieux préparer son projet parental.

📚 Références

  1. Sharma R, Agarwal A, Rohra VK, et al. Effects of increased paternal age on sperm quality, reproductive outcome and associated epigenetic risks to offspring. Reprod Biol Endocrinol. 2015.
    https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4455614/
  2. Jimbo M, et al. Fertility in the aging male: a systematic review. Fertil Steril. 2022;118(6):1022-1034.
    https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10914128/
  3. Mascarenhas MN, et al. National, regional, and global trends in infertility prevalence since 1990: a systematic analysis. PLoS Med. 2012.
    https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3525527/

4 réflexions sur “Tout savoir sur la fertilité masculine : spermogramme et congélation”

  1. Salut j’ai lu ton article sur la fertilité masculine, et j’ai envie de te dire que c’est un contenu très précieux, nécessaire.Un passage fort : « Environ 50 % des infertilités de couple impliquent l’homme… Pourtant, les hommes consultent beaucoup moins souvent par manque d’information ou à cause de tabous. » Ce que j’admire, c’est que tu oses aborder ce sujet encore si silencié, tu donnes voix à ce qu’on évite de nommer.
    J’apprécie aussi la clarté avec laquelle tu expliques le spermogramme, ses chiffres, ses implications — tu ne dramatise pas, tu informes. Merci de casser les idées reçues, de remplacer la peur par la connaissance 🙂

    1. Salut Rémi, je suis d’accord avec toi, lever les peurs et tabous passe par la connaissance et c’est valable dans plein de sujets. 😉. C’est mon objectif avec ce site sur le sujet de la fertilité.

  2. Article hautement utile et bien très bien documenté. Encore une fois, ces sujets ne sont pas suffisamment partagés et quand on se retrouve en situation de stress, il faut pouvoir trouver de l’information fiable et compréhensible. Merci.

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