Disclaimer : mon but n’est pas de te terroriser pour absolument créer ta famille avant 30 ans! L’empowerment passe par la connaissance de la réalité physiologique, inéluctable, et l’anticipation de celle-ci. Lit bien cet article jusqu’au bout 💪🏻.
Tu penses avoir le temps…
Tu attends de rencontrer la bonne personne, de trouver la stabilité pro, de « te sentir prête ».
Quand il s’agit de fertilité, le temps n’est pas toujours ton allié. Et parfois, juste attendre, c’est le plus grand risque que tu puisses prendre.
Dans cet article, je t’explique pourquoi — à travers des données, mais aussi une histoire vraie : celle de Camille, 39 ans, qui pensait avoir « encore le temps »… jusqu’au jour où la réalité biologique l’a rattrapée.
🌸 L’histoire de Camille — « Je pensais pouvoir attendre encore un peu »
Camille, 39 ans, travaille dans le marketing.
Elle adore son métier, voyage souvent, et vient tout juste de s’installer avec son compagnon.
« J’ai toujours su que je voulais des enfants, mais je me disais que ça viendrait naturellement, quand tout serait aligné », raconte-t-elle.
À 38 ans, elle arrête sa pilule.
Six mois passent. Pas de grossesse.
Rien d’inquiétant, pense-t-elle. Mais au fil des mois, le doute s’installe.
Sa gynéco lui propose un bilan de fertilité :
- AMH basse,
- réserve ovarienne réduite à l’échographie.
« Je me suis pris une grosse claque. Je pensais que 38 ans, c’était jeune, je me sentais en bonne santé… Et pourtant, on m’a parlé de FIV, comme d’une urgence. »
👉 L’histoire de Camille est celle de milliers de femmes : pleines de vie, en pleine ascension professionnelle, qui découvrent un peu tard que la fertilité ne va pas toujours de soi. L’horloge biologique n’attend pas.

🧬 Ce que le temps fait réellement à ta fertilité
La quantité d’ovocytes fond inexorablement
On a déjà vu ici (lien vers article réservé) que ton stock d’ovocytes est fixé dès ta naissance et qu’il ne fait ensuite que diminuer sans qu’on puisse bloquer cette perte.
Ce qui est le plus frappant, c’est que même si tu n’en libères qu’un seul par mois ; tous les autres disparaissent naturellement.
⚡️ Même sans grossesse ni contraception, ta réserve ovarienne fond comme neige au soleil.
💬 Ce que dit la science :
Selon l’ESHRE, la fertilité naturelle diminue d’environ 50 % entre 30 et 37 ans, puis s’effondre après 40 ans.
La qualité des ovocytes se dégrade avec l’âge
Les ovocytes vieillissent comme toutes les cellules du corps et ça je l’ai déjà expliqué ici (lien vers article qualité).
Sauf que, contrairement à la peau ou aux muscles, tu ne peux pas “renouveler” tes ovocytes.
Résultat : plus les années passent, plus le risque d’anomalies chromosomiques des ovocytes augmentent.
Elles sont responsables de :
- ❌ fausses couches,
- ⚠️ anomalies génétiques (comme la trisomie 21),
- 🧩 embryons non viables.
👉 À 30 ans, environ 25 % des embryons sont porteurs d’anomalies chromosomiques.
👉 À 40 ans, ce chiffre grimpe à près de 70 %.
🩺 L’âge, un facteur clé… même en FIV
Tu penses que la médecine peut tout compenser ?
L’AMP (assistance médicale à la procréation) est une aide formidable, mais elle ne rajeunit pas les ovocytes.
Âge de la femme | Taux de naissance par FIV (avec ses propres ovocytes) |
30 ans | 50 % |
35 ans | 35 % |
38 ans | 20 % |
40 ans | 10 % |
42 ans et + | <5 % |
💡 Autrement dit : même avec la meilleure clinique, les meilleures hormones, les meilleures conditions, l’âge reste un facteur déterminant.
C’est ce que j’explique souvent à mes patientes :
“La PMA est une formidable opportunité médicale… mais pas une machine à remonter le temps.”
Qu’est-ce que cela veut dire ?
👉🏻Il faut plus de tentatives de FIV pour avoir les mêmes chances de naissance quand on avance en âge. Plus de pénibilité, plus de contraintes, plus de temps et d’argent. Et au final, quand même moins de chances…
OK, là c’était la partie pénible, prise de conscience ! Et maintenant qu’est-ce que je propose?
🧊 Préserver sa fertilité, c’est préserver sa liberté

Si tu lis cet article à 28, 32 ou 35 ans, la meilleure décision que tu puisses prendre, c’est de te poser des questions pendant que tout va bien.
Non pas par peur, mais par liberté.
La première question c’est « À quel point c’est important pour moi d’avoir un enfant? ».
La deuxième est « Quand ? ». Et c’est ce « quand » qui va guider tes actions.
Une de ses actions est de congeler tes ovocytes. Le faire c’est :
- se donner la possibilité d’un projet de maternité plus tard,
- éviter la pression de “l’horloge biologique”,
- vivre sa vie pro, amoureuse, ou de voyage plus sereinement.
➡️ Congeler ses ovocytes : étapes, coût, centres… le guide pratique
Mais attention c’est une assurance, pas une garantie !
La congélation ovocytaire ne garantit pas un bébé, elle augmente considérablement les chances de réussite future si tu es confronté à une infertilité.
Elle te permet de ne pas dépendre entièrement de ton âge biologique.
Les études montrent qu’environ :
- 10 à 15 ovocytes congelés avant 35 ans donnent jusqu’à 70 % de chances d’avoir un enfant,
- contre moins de 30 % quand les ovocytes ont été congelés après 38 ans.
🔍Le premier pas : faire un bilan de fertilité
Avant toute décision, le plus simple est de faire un bilan.
Un simple dosage sanguin de l’AMH (hormone anti-müllérienne) et une échographie pour évaluer la réserve ovarienne te donnent déjà de précieuses infos.
👉 Test de fertilité : utiles ou gadgets ?
Le bilan, ce n’est pas un engagement
Faire un bilan, ce n’est pas “commencer un projet bébé”.
C’est juste connaître ton point de départ et te donner l’occasion de réfléchir à ton plan de vie.
Et cette réflexion, c’est du pouvoir : celui d’anticiper, de choisir, de planifier.
💬 “On ne peut pas décider sans savoir.”
🌿 Préserver naturellement ta fertilité
Même sans envisager de congélation, certains gestes ont un vrai impact sur ta santé reproductive.

🩸 Ce qui la protège :
- un poids stable (ni trop bas, ni trop élevé),
- une alimentation équilibrée de bonne qualité,
- un sommeil régulier,
- une activité physique régulière,
- pas de tabac et la réduction de l’alcool et des perturbateurs endocriniens.
⚡ Ce qui la fragilise :
- le stress chronique (qui perturbe l’ovulation),
- certaines infections non traitées,
- les expositions professionnelles à des toxiques,
- les maladies comme l’endométriose ou le SOPK, si elles ne sont pas suivies.
👉 Préserver sa fertilité naturellement : les bons réflexes dès 25 ans
❤️ Ne rien faire, c’est déjà un choix
Revenons à Camille.
À 39 ans, elle dit qu’elle aurait aimé qu’on lui parle de congeler ses ovocytes à 30 ans, car elle ne voulait pas d’enfant tout de suite. Au moins avoir le choix. Elle a incité sa petite soeur de 35 ans, célibataire, à le faire.
Aujourd’hui, elle dit souvent :
“Si j’avais congeler mes ovocytes j’aurais pu reprendre le contrôle sur le temps et moins galérer en FIV aujourd’hui .”
Et c’est exactement l’esprit de Gynéco Libérée.
Parce qu’il ne s’agit pas de te pousser à “te dépêcher”, mais de te donner le pouvoir de choisir.
Attendre, c’est parfois se dire : “Je verrai plus tard.”
Mais en matière de fertilité, le plus grand risque, c’est de ne pas voir venir.
💭Et toi, où en es-tu ?
Prends un moment pour te poser ces questions :
- Est-ce que j’ai déjà fait un point sur ma fertilité ?
- Si je n’avais pas peur de “savoir”, qu’est-ce que je ferais aujourd’hui ?
- Qu’est-ce que je veux vraiment dans 5 ou 10 ans ?
Tu n’as pas besoin d’avoir toutes les réponses maintenant.
Mais tu peux déjà planter la graine de la réflexion.
📚 Références scientifiques
- Devesa M. “Age-dependent decrease in ovarian reserve markers and assisted reproductive technology outcomes”, Fertility and Sterility, 2018.
- Practice Committee of the American Society for Reproductive Medicine (ASRM), “Age-related fertility decline: a committee opinion”, Fertil Steril, 2020.
- ESHRE data report, 2023 : European IVF Monitoring Consortium for the European Society of Human Reproduction and Embryology.
- CDC, Assisted Reproductive Technology Fertility Clinic Success Rates Report, 2022.